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[Julio 1888]
Mi querido colega,
Esperaba vivamente y en vano no estar citado
entre aquellos que han rechazado la cruz. Su artículo me desmuestra que me he
equivocado esperando esto. He leído por otra parte unas noticias y recibido
unas cartas que me demuestran que se ha hecho algún ruido a este respecto.
Ignoro quién ha divulgado la noticia un tanto erronea que circula.
Se me ha propuesto la cruz; se ma ha preguntado
únicamente en el caso en que el ministro pensaría en mí. He respondido que
consideraba una grosería rechazar una distinción muy deseada y muy respetable
- pero he rogado que no se me ofreciese y se solicitó al ministro que me
descartara.
Siempre he dicho, y todos mis amigos son
testigos, que desearía estar al margen de todos los honores y de todas las
dignidades. He tenido la precaución de repetirlo a menudo, y durante mucho
tiempo, a fin de que no se sospechase de que podría pensar en ello en un
momento dado.
En cuanto a mi motivos, son demasiado numerosos
para ser escritos.
Uno solo será suficiente, sin embargo: no admito
una jerarquía oficial en las letras. Somos los que somos sin tener necesidad de
ser clasificados.
Si la Legión de honor no tuviese un valor
jerarquico, la admitiría, pero los grados constituyen una escala de meritos
verdaderamente demasiado fantástica.
Usted cita a Edmond de Goncourt. ¿Puede acaso
cuestionarse su gran valor y su influencia sobre la literatura contemporanea?
Nadie, quizás, lo merece más que él.
Ahora bien, él se convierte en Legionario de
honor, mientras que los grados superiores están reservados sin duda a sus
discípulos.
Cuando se está decidido a no pedir nunca de
nadie, es mejor vivir sin títulos honoríficos, pues si se obtiene uno, por
casualidad, sin intriga, casi seguro se queda
en eso, y cuando se cogen cintas, nunca son demasiadas.
Esta razón no es tal vez la mejor, pero
cuando no se tiene ganas de una cosa, la menor razón te decido a no
solicitarla, y a impedir que te la den. Sin embargo debo decir, tras su
artículo, que tengo un gran respeto por la Legión de honor, y no me gustaría
que se creyese lo contrario.
Reciba, Señor y querido colega, la seguridad de
mis devotos sentimientos.
GUY DE MAUPASSANT
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
Á UN DESTINATAIRE NON IDENTIFIÉ
[Juillet 1888.]
Mon cher confrère,
J'espérais vivement et vainement n'être point
cité parmi ceux qui ont refusé la croix. Votre article me démontre que j'ai
eu tort d'espérer cela J'ai lu d'ailleurs des échos et reçu des lettres qui
me prouvent qu'on a fait, à ce sujet, quelque bruit. Je n'y suis pour rien et
j'ignore qui a répandu la nouvelle un peu erronée qui court.
On ne m'a point proposé la croix ; on m'a
interrogé seulement pour le cas où le ministre songerait à moi. J'ai répondu
que je considérais comme une grossièreté de refuser une distinction très
recherchée et très respectable - mais j'ai prié qu'on ne me l'offrît point
et qu'on demandât au ministre de m'oublier.
J'ai toujours dit, tous mes amis en pourraient
témoigner, que je désirais rester en dehors de tous les honneurs et de toutes
les dignités. J'ai eu soin de le répéter souvent, et depuis fort longtemps,
afin qu'on ne me suspectât point d'arrière-pensée à un moment donné.
Quant à mes raisons, elles sont trop nombreuses
pour être écrites.
Une seule suffirait, d'ailleurs : je n'admets pas
de hiérarchie officielle dans les lettres. Nous sommes ce que nous sommes sans
avoir besoin d'être classés.
Si la Légion d'honneur n'avait point de degrés
je la comprendrais davantage, mais les grades constituent une échelle de
mérite vraiment par trop fantaisiste.
Vous aviez cité Edmond de Goncourt. Peut-on
contester sa haute valeur et surtout son influence sur la littérature
contemporaine ? Personne, peut-être, n'en eut plus que lui.
Or, il demeure chevalier de la Légion d'honneur,
tandis que les grades supérieurs sont réservés sans doute à ses élèves.
Quand on est décidé à ne jamais rien
solliciter de personne, il vaut mieux vivre sans titres honorifiques, car si on
en obtient un, par hasard, sans intrigue, on est presque certain d'en rester
là, et , quand on prend du ruban, on n'en saurait trop prendre.
Cette raison n'est peut-être pas la meilleure,
mais quand on n'a point envie d'une chose, la moindre raison vous décide à ne
la point demander, et à empêcher qu'on vous la donne. Je tenais cependant à
vous dire, après votre article, que j'ai pour la Légion d'honneur un grand
respect, et je ne voudrais point qu'on crût le contraire.
Recevez, Monsieur et cher confrère, l'assurance
de mes sentiments dévoués.
GUY DE MAUPASSANT
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/