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Cannes [1889]
Señora,
¿Se acuerda de mí? Había en París, el último
años, un hombre de treinta y ocho años, de aspecto un poco grave, un poco
duro, como de capitán de infantería, en ocasiones gruñón. Este hombre, que
era simplemente un mercador de prosa, desapareció en el otoño y no se sabe
demasiado lo que ha hecho.
Cenaba en su casa a menudo y allí disfrutaba
mucho. Ese placer, no lo ha olvidado, pero ha sido terriblemente perezoso,
negligente y culpable, y apenas se atreve a decirle que va a regresar a París
dentro de unos días. Un telegrama suyo le llegó anteayer, y el lo agradece.
¿Le ha gustado el fruto que ha recibido, que es un cítrico de Tunicia
confitado? Yo había enviado algunas unidades a Francia; se me ha escrito que
era horrible. Otros han creido en una broma y me lo han agradecido
irónicamente. Como yo encuentro que estos cítricos de Tunicia son los reyes de
las frutas confitadas, he quedado muy sorprendido, y me pregunto si el
confitero, sabiéndo que ya me había ido, no habrá enviado algún otro
producto africano.
Proyecto en estos momentos una larga navegación
para este verano. Voy a dar la vuelta a España en un nuevo yate que acabo de
comprar. Reuniré así mis dos pasiones principales, el viaje y la navegación.
Le traigo en este momento una cosita
terrible. Unos pendientes de aro de mujer árabe de los oasis. Le traigo a su
marido un tintero de hombre de leyes árabe, recuerdo profesional. Tengo una
caja de extrañas pacotillas. Se diría que acabo de comerciar con los salvajes
de África Central. Me ha sorprendido encontrar en Cannes personas de mundo,
criados en librea, y... príncipes. Comienzo a habituarme de nuevo a todos esos
seres extraños, charlatanes y correctos. También había casi olvidado la
palabra Boulanger1 que comienza a tintinearme terriblemente en los
oídos; por fin, me preparo para la vida de Paris que me entristecerá mucho por
adelantado sin el pensamiento de algunas personas muy raras pero muy deseadas a
las que voy a encontrar allí.
Le beso las manos, Señora, confesándome su muy
devoto y respetuoso admirador y amigo.
GUY DE MAUPASSANT
1 Alusión al general Boulanger, cuya elección como diputado de París (27 de enero de 1889) provocó una gran polémica.
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
A Mme ÉMILE STRAUS
Cannes [1889].
Madame,
Vous souvenez-vous de moi ? Il y avait à Paris,
l'année dernière, un homme de trente-huit ans, avec l'air un peu lourd, un peu
dur, d'un capitaine d'infanterie, grognon parfois. Cet homme, qui était tout
simplement un marchand de prose, a disparu vers l'automne et on ne sait trop ce
qu'il a fait.
Il dînait chez vous souvent et s'y plaisait
beaucoup. Ce plaisir, il ne l'a point oublié, mais il a été affreusement
paresseux, négligent et coupable, et il ose à peine vous dire qu'il va rentrer
à Paris dans quelques jours. Une dépêche de vous lui est parvenue avant-hier,
et il vous en remercie. Avez-vous aimé le fruit que vous avez reçu, qui est un
cédrat de Tunisie confit ? J'en avais envoyé quelques uns en France ; on m'a
écrit que c'était horrible. D'autres ont cru à une farce et m'ont remercié
ironiquement pour cette patate. Comme je trouve que ces cédrats de Tunisie sont
les rois des fruits confits, j'ai été fort surpris, et je me demande si le
confiseur, me sachant parti, n'a pas envoyé quelque autre produit africain.
Je prépare en ce moment une longue navigation
pour cet été. Je vais faire le tour d'Espagne en un nouveau yacht que je viens
d'acheter. Je réunirai ainsi mes deux passions principales, le voyage et la
navigation.
Je vous rapporte en ce moment une petite chose
horrible. Des boucles d'oreilles de femme arabe des oasis. J'apporte à votre
mari un encrier d'homme de loi arabe, souvenir professionnel. J'ai une caisse de
pacotilles étranges. On dirait que je viens de faire le commerce avec les
sauvages de l'Afrique centrale. J'ai été surpris de retrouver à Cannes des
gens du monde, des larbins en livrée, et... des Princes. Je commence à
m'habituer de nouveau à tous ces êtres bizarres, bavards et corrects. J'avais
aussi presque oublié le mot Boulanger1 dont on commence aussi à me scier
terriblement les oreilles ; enfin je me prépare à la vie de Paris qui
m'attristerait beaucoup d'avance sans la pensée des quelques personnes très
rares mais très désirées que je vais y retrouver.
Je vous baise les mains, Madame, en me disant
votre très dévoué et très respectueux admirateur et ami.
GUY DE MAUPASSANT
1 Allusion au général Boulanger, dont l'élection à la députation de Paris (27 janvier 1889) fit grand bruit.
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/