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[enero de 1881]
Señora,
Sepa usted que he sido muy prudente. Pues
finalmente ningún mayordomo puede venir, e incluso ese encaje que usted guarda
por precaución habría sido una excelente mordaza para impedirle gritar. No,
usted no habría podido gritar con eso sobre la boca y ello habría sido una
justa condena a esa medida de pudor exagerado. Solamente, me dispongo hoy a
pedirle un certificado. Con los malvados rumores que corren sobre mí, no
estaré molesto de llevar en el mundo, en mi bolsillo, un buen papel firmado por
los dos porteros, hombre y mujer, asegurando que yo pasé tres horas cara a cara
con una mujer encantadora, e indicando que el orden más regular, el más
honesto, no ha cesado de reinar en el apartamento y en todos los objetos que
contenía. Se podrá igualmente citar este ejemplo como mi fuerza de voluntad.
Y ahora, Señora, cuando hablen de mí ante usted
y se diga: « ¡ Él ! ¡ Oh ! ¡ un huracán ! » Usted esbozará una ligera
sonrisa y responderá: « No, no, no me hablen de él, al contrario, una
tortuga, un cordero, un conejo blanco.»
¡¡¡ Y yo pasaré ahora por un conejo blanco
!!! ¡Oh!
Ahora, Señora, que ha constatado que este hurón
es de cartón y que no teme su caverna, ¿cuando volverá?. No se conoce del
todo cuando se ha charlado solamente tres horas, incluso a través de velos. No
nos encontramos, eso es todo. Conocemos el sonido de nuestra voz, he visto no
obstante dos bellos ojos, unos guantes, nada más. Tengo una muy vaga idea sobre
sus gustos, su carácter, sus curiosidades. Solicito saber más.
Entonces, la espero, pero ¿cuando?. Diga el
día. Exceptuaría el viernes, tengo que salir esa tarde. Si por el contrario
usted no pude venir más que el viernes yo no saldré. Procure que sea lo antes
posible. Puede quedar en casa el lunes, martes, miércoles, jueves.
Elija, espero una palabra.
Permítame besarle ambas manos, pero sin guantes.
GUY DE MAUPASSANT
Un ruego: venga con el mismo vestido. ¿Por qué? Ah, eso no le importa.
Traducción de José M. Ramos González para http://www.iesxunqueira1.com/maupassant
S. d. [janvier 1881].
Madame,
Savez-vous que j'ai été bien sage. Car enfin
aucun valet ne pouvait venir, et cette dentelle même que vous gardiez par
précaution aurait fait un excellent bâillon pour vous empêcher de crier. Non,
vous n'auriez guère pu crier avec cela sur la bouche et ça aurait été une
juste punition de cette mesure de pudeur exagérée. Seulement, je viens
aujourd'hui vous demander un certificat. Avec les mauvais bruits qu'on fait
courir sur mon compte, je ne serais pas fâché de porter dans le monde, en ma
poche, un bon papier contresigné par les deux concierges, homme et femme, comme
quoi j'ai passé trois heures en tête à tête avec une femme charmante, et
comme quoi l'ordre le plus régulier, le plus honnête n'a cessé de régner
dans l'appartement et dans tous les objets qu'il contenait. On pourrait
également citer cet exemple comme force de ma volonté.
Et maintenant, Madame, quand on parlera de moi
devant vous et qu'on dira : « Lui ! Oh ! un ouragan ! » Vous aurez un léger
sourire et vous répondrez : « Mais non, mais non, on m'a parlé de lui, au
contraire, une tourterelle, un mouton, un lapin blanc. »
Et je passerai maintenant pour un lapin blanc
!!!! Oh !
Maintenant, Madame, que vous avez constaté que
cet ours est en carton et que vous ne redoutez point sa caverne, quand vous
reverrai-je ? On ne se connaît point du tout quand on a causé seulement trois
heures, à travers des voiles encore. Nous nous sommes rencontrés, voilà tout.
Nous connaissons le son de nos voix, j'ai vu en outre deux beaux yeux, des gants,
rien de plus. J'ai de très vagues données sur vos goûts, votre caractère,
vos curiosités. Je demande à en savoir davantage.
Donc, je vous attends, mais quand ? Dites le jour.
J'excepterai vendredi, devant sortir ce soir-là. Si cependant vous ne pouviez
venir que vendredi, je ne sortirai pas. Tâchez que ce soit plus tôt. Je puis
rester chez moi lundi, mardi, mercredi, jeudi.
Choisissez, j'attends un mot.
Permettez-moi de baiser vos deux mains, mais
dégantées.
GUY DE MAUPASSANT
Une prière - venez avec la même robe. Pourquoi ? Ah
cela ne vous regarde point.
Puesto en formato html por Thierry Selva: http://maupassant.free.fr/